Sema à Istanbul pour le 737ème anniversaire de la mort de Mevlâna

"Le roi de la pensée sans trouble, en dansant s'en est allé, vers l'autre pays, le pays de la lumière." Evocation de la mort de Rumi dans l'hagiographie d'Aflakî, citée par Eva de Vitray-Meyerovitch, Le Livre du dedans

Le 17 décembre, fidèles et proches de la pensée de Mevlâna étaient réunis, tant à Konya qu'à Istanbul et dans bien d'autres lieux de par le monde, pour commémorer le 737ème anniversaire de la mort du plus grand mystique de tous les temps, parti pour l'au-delà en 1273.

Parmi les sema organisés ce soir-là, le plus intime sans doute s'est déroulé dans le tekke - couvent - Ümmi Sinan à Eyüp, dans ce quartier d'Istanbul qui abritait en son temps de nombreux autres lieux de vie et de prière occupés par l'ordre des derviches tourneurs.

  

Cet endroit que je découvrais pour la première fois et duquel se dégage une ambiance toute particulière, fera l'objet, d'ici quelques temps, d'un reportage spécifique bien mérité, tant l'histoire y est riche et intéressante.

Installés sur des tabourets ou à même le sol sur d'épais coussins, les quelques dizaines de privilégiés ont d'abord été accueillis par le sheikh Nail Kesova, dans cette semahane - endroit où l'on pratique le sema - pour laquelle il a un attachement tout particulier.

  

                                            le sheikh Nail Kesova

En effet, c'est là même que le 30 septembre 1994, après sa nomination par le Dr H.C. Celalettin Çelebi, 21ème arrière-petit-fils de Mevlâna en tant que Maître, il effectue son premier sema.

                  

                       Nail dede prend place sur la peau de mouton rouge

Nail dede rappelle à l'assemblée la philosophie de celui pour qui tout le monde est réuni ce soir-là, son esprit de tolérance et d'ouverture à qui que ce soit, créature animale ou humaine, de quelque religion et origine fusse cette dernière.

En l'occurrence, trois frères franciscains d'Istanbul, l'un français, l'autre mexicain, le troisième sud-coréen, ont assisté à cette soirée... et un chat parmi les nombreux autres habitant le tekke, est venu passer un moment à l'intérieur de la semahane, s'ébattant même sur les peaux destinées aux semazen...

  

                          Les animaux sont également toujours les bienvenus

Je pense consacrer un article, dans le futur, au déroulement d'une cérémonie complète, pour mieux faire comprendre toute la symbolique et la force qui s'en détache.

                

                                       Un apprenti semazen

Mais pour l'heure, laissez vous porter par ney et kanun, instruments parmi d'autres qui accompagnent les chants des prières soufies.

  

Sentez le souffle créé par le mouvement des tennure blancs des semazen virevoltants ! 

 

Observez les visages des derviches tourneurs emportés par la musique !

                 

A l'issue de cette cérémonie empreinte d'émotion et de ferveur commune, Nail dede apporte des précisions sur les sema avant d'annoncer qu'un aşure allait être offert à tous les participants.

  

                                   L'aşure servi après la cérémonie du sema

Ce délicieux dessert est en effet traditionnellement servi le 10ème jour du mois du Muharrem, appelé aussi aşure günü - le jour de l'aşure - et qui avait lieu la veille.

Après s'être nourris tant de spritualité que de douceur, chacun est reparti, emportant avec soi le souvenir d'une soirée pas comme les autres...

Je dédie cet article à la mémoire de Michel qui s'en est allé hier soir rejoindre Mevlâna dont il était si proche.

Comments

[chantal]

quelle grâce !!