Samedi 24 avril 2010, 13 h 30, une centaine d'arméniens sont réunis à l'appel de la section d'Istanbul de l'association des droits de l'homme (IHD) sur le parvis de la gare d'Haydarpaşa sur la rive asiatique de la ville.
Peu avant le début de la manifestation, à l'intérieur de la gare, plusieurs intellectuels, artistes et noms connus, répondaient aux questions de la presse et se voyaient parfois interpellés de façon véhémente par des opposants.
Osman Kavala, éminent mécène turc, était présent
C'est la première fois qu'une manifestation de ce type a lieu à Istanbul pour commémorer le départ, de cette même gare, le 24 avril 1915, du premier convoi de déportés arméniens.
Une affiche sur laquelle est inscrite " 24 avril 1915 - plus jamais ça" s'étale au-dessus des portraits représentant quelques unes des personnes qui ont perdu la vie durant ces événements.
Des oeillets sont ensuite jetés symboliquement à l'eau par les manifestants.
Les représentants de la communauté arménienne sont plus nombreux à 19 h, sur la place de Taksim, pour une nouvelle manifestation, plus intense.
Autour d'un panneau sur fond noir où s'inscrivent en lettres blanches, en turc, en arménien et en anglais "Cette douleur est notre douleur, ce deuil est le nôtre à tous", des bougies sont allumées, quelques oeillets déposés.
A l'appel des organisateurs, les manifestants s'asseyent tout autour et vont se recueillir durant une demi-heure.
Une douce musique arménienne est diffusée et seul le crépitement des appareils photos vient troubler cette atmosphère particulièrement émouvante.
Zeynep Tanbay, célèbre danseuse d'origine arménienne, va ensuite lire un texte très touchant à la mémoire des 1,5 à 2 millions d'Arméniens qui vivaient sur ces terres, tant en Thrace, qu'à Malatya, à Van, à Samatya ou à Galata.... épiciers, tailleurs, cordonniers, professeurs, voisins de pallier... et faisant aussi référence au 24 avril 1915, date à laquelle est parti le premier convoi...
Zeynep Tanbay
Les manifestants se lèvent ensuite, puis une salve d'applaudissements va déclencler un nouveau lancer d'oeillets rouges qui vont couvrir le panneau en quelques secondes.
Les manifestants descendront ensuite l'avenue Istiklal, plus noire de monde que jamais.
Pendant ce temps, les services de police feront barrage à quelques manifestants brandissant notamment le drapeau kurde.
C'était le 24 avril 1915, c'était le 24 avril 2010... à Istanbul