Des marches militaires ottomanes retentissent sur Istiklal Caddesi ce mardi en fin d'après-midi, les janissaires remontent l'avenue en direction de la place de Taksim.
Cette compagnie est accompagnée par des joueurs de tambour japonais venus dans le cadre d'Istanbul 2010, capitale européenne de la culture, et cet ensemble va donner un concert d'une qualité époustouflante et particulièrement haut en couleurs, dont vous pouvez apprécier ici un extrait.
Mais qui sont donc les janissaires ? Ce nom, issu du terme turc yeni çeri qui signifie "nouvelle troupe", va être utilisé sous le règne de Murat I pour définir la troupe d'élite du sultan.
Ce corps de fantassins, créé par le sultan Orhan en 1329, est d'abord constitué de prisonniers de guerre. Le recrutement se fait ensuite dans les populations chrétiennes de l'empire ottoman.
Les jeunes garçons, d'abord incorporés comme acemioğları - apprentis -, sont convertis à l'islam et formés à des carrières militaires, administratives ou politiques, en fonction de leurs aptitudes.
Les meilleurs vont servir la cour du sultan et accéder aux plus hauts postes de l'administration ottomane. De par leurs origines, les grands vizirs, entre 1453 et 1620, sont moins de 10 % à être turcs...
Le sultan Mahmut II décide de se débarrasser de ceux qui sont au plus près du pouvoir et qui constituent ainsi un danger conséquent pour le dirigeant. Le corps des janissaires est massacré le 16 juin 1826...
L'écrivain Théophile Gautier, qui découvre Istanbul en 1852, visite le musée des anciens costumes ottomans au Palais de Topkapı où sont alors exposés 140 figures d'anciens janissaires.
Il écrit : "Là sont collectionnés, comme des types d'animaux antédiluviens au musée d'Histoire naturelle, les individus supprimés par le coup d'état de Mahmoud (Mahmut II). Là revit cette Turquie fantasque et chimérique des turbans en moules de pâtisserie, des dolimans bordés de peau de chat ; la Turquie des mamamouchis et des contes de fées."
La mehterhane - fanfare militaire - qui continue de faire revivre de nos jours l'image glorieuse des janissaires, est composée de différentes percussions, de timbales, de clarinettes et de cymbales.
Durant ce concert, marches et chants militaires vont être repris en choeur pour certains par le public. Quelques danses folkloriques figurent également au programme.
Les davulcu - joueurs de tambour - japonais ne sont pas en reste. Accompagnant les janissaires, ils présentent également, à plusieurs reprises, des solos permettant de mettre leur talent en avant.
Cette galerie photos permet de s'imprégner de l'ambiance bien particulière de ce concert très réussi !
Et si le coeur vous en dit, encore un petit roulement de tambour japonais pour terminer...
commenter cet article …