Des millions de touristes - 2,5 millions en 2009 - ont visité le musée Sainte-Sophie à Istanbul en immortalisant sur leurs clichés, bien souvent à contre-coeur, l'immense échafaudage installé depuis... 1992.
Malgré le froid, tous les médias turcs, ainsi que deux représentants de la presse étrangère, étaient présents ce matin, sur invitation de l'agence Istanbul 2010, pour assister au démembrement des dernières pièces de ce gigantesque assemblage métallique.
Şekib Avdagiç, Président du Comité Directeur de l'agence Istanbul 2010 ainsi que le Dr. A Haluk Dursun, Président du musée Sainte-Sophie, ont donné une courte conférence de presse pour évoquer tant la participation de l'agence que les aspects techniques de ce chantier d'envergure.
A gauche, Şekib Avdagiç et à ses côtés le Dr. A Haluk Dursun
Il aura fallu 45 jours de travail pour son montage et 20 pour démonter ce mastodonte de 180 tonnes de fer, 55 mètres de haut, d'un volume de 12000 m3 pour 264 m2 de surface, qui vit là ses dernières heures de gloire !
Les diverses phases de restauration réalisées entre 2002 - bien après la mise en place de l'échafaudage - et 2010, y compris la préparation des projets, représentent un investissement total de 8.425.000 TL, soit plus de 4 millions d'Euros.
Les travaux de 2002, 2003 et 2005, effectués avec l'assistance technique de l'UNESCO, ainsi que ceux de 2008 et 2009, relatifs à la remise en état de la coupole principale, s'élèvent à 1,5 million de TL, soit plus de 700.000 €.
La coupole de Sainte-Sophie sans échafaudage
Un budget de 3 millions de TL, soit plus de 1,4 million d'Euros était prévu pour les travaux de restauration des coupoles et du nartex ainsi que pour le démontage de l'échafaudage.
Près de 500 m2 de mosaïques ont ainsi fait l'objet de mesures de conservation et de restauration, selon des méthodes ancestrales, sur le quart nord-est de la coupole centrale.
Durant ce chantier, les visages et les ailes de six anges en mosaïque, datant de 700 ans et restés cachés à la vue de tous depuis 160 ans, ont été mis au jour.
Les quelque 600 m2 de mosaïque et les divers ornements de la voûte de la basilique Sainte-Sophie, transformée en mosquée, puis en musée en 1935, ont également bénéficié d'un traitement de restauration.
La participation financière de l'Agence Istanbul 2010 porte sur les travaux de restauration de la coupole centrale, du nartex intérieur, des levha, des éclairages et le démontage de l'échafaudage.
En outre, le projet de réhabilitation de la bibliothèque du sultan Mahmut I - incorporée par ce dernier à Sainte-Sophie en 1739 - enrichie de faïences du XVI au XVIIIème siècle provenant des ateliers d'Iznik, de Kütahya et de Tekfur, ainsi que celui de la fontaine Mahmut I située dans le jardin du musée, sont également inscrits au programme de l'Agence 2010.
Il reste encore un échafaudage mobile qui permet d'accéder, à 7,5 mètres au-dessus du niveau du sol, aux huit levha, panneaux ronds de bois sur chacun duquel figure, en lettres peintes, le nom d'un saint.
Ces levha, ajoutés en 1849 et connus pour être les plus grands au monde, ont bien failli déménager, suite à la décision prise par le directeur du musée en 1935.
En raison de leur taille et de la difficulté à les faire passer à l'extérieur, elles sont restées posées au sol ... avant d'être remises à leur place initiale en 1949.
Les futurs visiteurs de Sainte-Sophie n'auront plus l'occasion de voir l'insolite monte-charge rouge monter et descendre le long de l'échafaudage, offrant à lui seul un spectacle original au milieu de la foule.
A l'intérieur, y est accroché... un nazar boncuk destiné à protéger du mauvais oeil, comme dans toute demeure en Turquie !
Les travaux restant à réaliser devraient être achevés vers la fin de cette année.
Le Dr. A Haluk Dursun et Şekib Avdagiç, entourés par les ouvriers chargés du démontage de l'échafaudage
La présence, durant tant d'années, de dizaines d'ouvriers, d'artisans et d'artistes, ne restera ensuite plus qu'un lointain souvenir...
Il sera bientôt temps de poser ceinture et casque...
Sainte-Sophie retrouvera tout son panache d'antan et, comme le rappelait le Président du Comité Directeur de l'agence 2010 au cours de son allocution, certains visiteurs, en entrant dans le saint des saints, se remémoreront peut-être ces phrases prononcées par l'empereur Justinien, commanditaire de la construction, "Gloire à Dieu qui m'a jugé digne d'une telle oeuvre. Ô Salomon ! Je t'ai surpassé !" lorsqu'il y est entré pour la première fois.
commenter cet article …