En ce dimanche 14 mars 2010, entre 10 et 15 000 Roms venus des quatre coins de la Turquie avaient rendez-vous à Istanbul.
Le Conseil de l'Europe, par le biais de son porte-parole, a salué cette organisation, la plus grande et la plus spectaculaire du genre à avoir été organisée en Europe à ce jour.
Le rassemblement s'est tenu dans la salle de sports Abdi Ipeçki de Zeytinburnu, seule du genre dans le pays en terme de capacité (12 500 places) à être en mesure d'accueillir une manifestation de cette envergure.
La salle de sports Abdi İpekçi, noire de monde
Cette rencontre, organisée par l'Etat turc, fait suite aux travaux et réflexions entrepris en novembre 2009 par les pouvoirs publics du pays avec les représentants des associations, des groupes roms ainsi que des jeunes et étudiants roms, qui ont joué un rôle majeur dans ce processus.
Plus de 300 bus, affrêtés par les services de la République, venus de tout le pays (dont 1/3 partis la veille d'Izmir avec à leur bord les représentants de la Fédération des associations roms égéennes et de celle des danses populaires de la culture rom mondiale), ont ainsi pris la route d'Istanbul.
Un bus venu du district de Şarköy dans la province de Tekirdağ
81 associations roms étaient ainsi représentées hier, sur invitation du Premier Ministre Recep Tayyip Erdoğan.
Metin Çakır, Président de l'Association Culturelle, de Solidarité et d'Aide des Roms de Didim, et son épouse
Avant le démarrage officiel de la rencontre, la salle monte en température, rythmée par les arrivées de certains noms bien connus dans le milieu rom, tel le chanteur Bayram Şenpınar ou Kobra Murat, un des interprètes de l'orchestre de Sulukule.
Kobra Murat et ses fans
Dites-le avec des fleurs !
Le programme débute à midi et l'honneur revient à l'orchestre rom de Sulukule de l'ouvrir.
Sulukule roman orkestrası, mené par son chef Şenol, en chemise blanche
Vurgun Akif Tamer
A l'issue de la prestation d'une demi-heure, un film va retracer, sur les deux écrans géants installés de part et d'autre de la scène, l'histoire et la vie des Roms de Turquie, ce pays dont ils font partie de l'histoire depuis mille ans.
Revivre son histoire à travers un film...
Le programme se poursuit avec l'orchestre rom d'Ahırkapı, autre groupe bien connu à Istanbul.
L'orchestre rom d'Ahırkapı sur la scène d'Abdi İpekçi arena
Cet ensemble, qui a vu le jour en mai 2002, participe à de nombreux festivités nationales, voire internationales.
Deux des musiciens d'Ahırkapı roman orkestrası
Au milieu de la salle, des centaines de personnes occupent l'espace. Nombreuses sont celles à danser au rythme des airs joués.
Le rythme dans la peau...
A l'issue du programme récréatif, la température ambiante monte d'un cran... et les drapeaux turcs se lèvent.
Une vague rouge envahit la salle
... à l'annonce de l'arrivée du Premier Ministre, Tayyip Erdoğan, qui, avant de s'installer, fait le tour de la salle en lançant des oeillets à la foule.
Avant son intervention, plusieurs célébrités Roms de Turquie prendront la parole, à savoir Elmas Arus, cinéaste et présidente de la Fondation "Zéro Discrimination", l'ancien lutteur Pele Mehmet, le chanteur Balık Ayhan, suivis par une représentante du Conseil de l'Europe.
Le Premier Ministre prend ensuite la relève. Son discours se veut fraternel, amical et de tolérance. Dans sa valise, il apporte la possibilité à quelques milliers de Roms de devenir propriétaires, au bout de vingt ans, de 3408 logements en cours de construction par TOKI dans 40 provinces du pays. Ces appartements qui doivent être livrés d'ici 12 à 16 mois, seront payés par leurs occupants, sans fourniture d'un apport personnel, à raison de 100 à 120 TL/mois (47 à 58 Euros) sur une durée de vingt ans.
A l'extérieur, derrière les barrières de sécurité, des centaines de personnes suivent le déroulement de la manifestation retransmis sur écran géant
Il promet également de poursuivre l'effort pour l'enseignement en faveur des Roms ainsi que des opportunités d'emplois...
A l'issue de son allocution, Recep Tayyip Erdoğan remet quatre cartes d'identité et livrets de famille à des personnes qui, comme la majorité des Roms, ne disposent d'aucun papier officiel.
Quelques visages croisés hier
Selon diverses études réalisées durant la dernière décennie, la population Rom de Turquie peut être évaluée à environ 700 ou 800 000 personnes. Combien d'entre elles seront véritablement concernées par ces mesures et combien resteront sans identité, si ce n'est celle de leurs origines ?
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